Les chiffres analysés par la Ligue des familles sont sans appel : aujourd’hui, 429 écoles maternelles et primaires accueillant les élèves les plus précarisés organisent des repas complets, sains, durables et gratuits grâce à un financement spécifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour 55 288 enfants.
Lire l'analyse de la Ligue des familles (.pdf)
Une chute budgétaire massive et une dilution dans deux fois plus d’écoles
Les décisions budgétaires annoncées pour 2026 font peser une menace directe sur ces repas. Le budget effectivement disponible pour nourrir les élèves dans l’enseignement fondamental en encadrement différencié passerait, selon l’étude de la Ligue des familles, de 21,4 millions à environ 8,2 millions d’euros, et serait en outre dilué dans près de deux fois plus d’écoles qu’aujourd’hui. En moyenne, le soutien par élève serait divisé par six, et dans certaines écoles dont l’indice socio-économique est le plus bas, par quatorze : il deviendra tout simplement impossible de garantir partout des repas chauds, complets et gratuits.
Pour de nombreux enfants vivant dans des familles en situation de pauvreté, le repas de midi à l’école est le seul repas chaud et équilibré de la journée. On sait que 20% des parents d’enfants de 3 à 9 ans n’ont pas les moyens d’offrir chaque jour une alimentation saine et équilibrée, et que la précarité alimentaire touche de plein fouet les enfants des milieux les plus défavorisés. Apprendre le ventre vide, c’est apprendre en étant fatigué, irritable, moins concentré.
La gratuité scolaire est un droit, pas une option
Le Délégué général aux droits de l’enfant rappelle que la gratuité scolaire n’est ni une faveur ni une aide sociale : c’est un droit reconnu par les textes internationaux que la Belgique s’est engagée à respecter et notre Constitution. La Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE), en ses articles 28 (droit à l’éducation sur la base de l’égalité des chances) et 27 (droit à un niveau de vie suffisant, notamment en ce qui concerne l’alimentation), consacre explicitement ces obligations. Ce droit ne concerne pas seulement l’accès à l’école, mais aussi les conditions concrètes de l’apprentissage : fournitures, activités, mais aussi l’accès à une alimentation de qualité pendant le temps scolaire. En 2019 déjà, le Conseil d’État avait rappelé que le droit à l’éducation gratuite se rapporte à la gratuité de l’enseignement lui-même et non pas seulement à son accès. Renforcer la gratuité des cantines, ce n’est pas un luxe : c’est protéger la santé, le bien-être et la réussite scolaire des enfants.
Garantir au minimum les repas pour les enfants des familles les plus précarisées
Notre horizon reste clair : à terme, chaque enfant de la Fédération Wallonie-Bruxelles devrait pouvoir bénéficier d’un repas scolaire sain et équilibré à midi. Si notre société n’est pas encore prête à franchir ce pas pour tous, le minimum absolu est de garantir ces repas gratuits aux enfants des familles les plus précarisées. Sans cela, nous creusons encore les écarts entre les élèves alors que nous prétendons leur offrir les mêmes chances. Rappelons que dans le cadre de son engagement européen via la Garantie européenne pour l’enfance, la Belgique a signifié son intention de prévenir et de combattre l’exclusion sociale en garantissant l’accès effectif des enfants vulnérables à un ensemble de services essentiels. Il est dont primordial de développer, ou à tout le moins de maintenir, des politiques de solidarité et de prévention qui soient ambitieuses afin de permettre à chaque enfant en Fédération Wallonie-Bruxelles de grandir et de s’épanouir dans les meilleures conditions.
Un appel clair aux autorités politiques
Nous rejoignons l’alerte lancée par la Ligue des familles et appelons le Gouvernement et le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à revoir ces choix budgétaires avant leur adoption définitive. Les économies ne peuvent pas se faire sur le dos des enfants des familles les plus précarisées. L’intérêt supérieur de l’enfant, consacré par la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, doit rester la boussole de toute décision en matière d’enseignement et de lutte contre la pauvreté.
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